Visiter l’atelier de la Tonnellerie Baron revient à observer formes et gestes voués à la transformation des grumes en merrains puis des merrains en douelles. Le savoir-faire doté de précision naturelle des ouvriers de l’atelier nous fait nous interroger sur la formation et la transmission de cette technique artistique. Questions à Christophe Cartier, qui ne se reconnaît que sous le pseudo de « Tobal », Chef d’atelier à la Tonnellerie Baron.

Christophe, vous êtes chef d’atelier à la Tonnellerie Baron, pouvez-vous nous présenter votre parcours et l’atelier dont vous êtes responsable ?

Je débute par une première année à la Tonnellerie Baron, à l’issue de ma formation de Menuisier Charpentier, en 1998. C’est en 2000, que je deviens tonnelier. De 2014 à 2018, j’occupe le poste de Responsable bois (parc à bois et usinage), en 2018, je deviens Chef d’atelier. Aujourd’hui, je dirige 24 salariés (tonneliers diplômés, expérimentés et apprentis), tous polyvalents et suis en lien permanent avec les fonctions support : direction technique, les ressources humaines et gestion administrative. A l’atelier et avec 4 responsables de pôles (bois, chauffe, stock et expédition), nous coordonnons la fabrication quotidienne, de l’enregistrement de la commande à l’expédition de la barrique.

Quels sont les différents postes dans l’atelier ?

L’atelier est divisé est trois pôles :

Formation et métiers de la tonnellerie

Quelles sont les compétences et qualités requises pour être un bon tonnelier ?

Bien connaître le bois et l’usinage est bien sûr essentiel. L’envie d’apprendre puis de transmettre pour permettre la succession d’un savoir-faire ancestral. Avoir une bonne condition physique et des aptitudes naturelles telles que l’habileté et la dextérité, qui s’acquièrent toutefois avec le temps.

Comment recrutez-vous ? Rencontrez-vous des difficultés ?

Oui, c’est une réalité, nous manquons de main d’œuvre et ne disposons que d’un seul centre de formation dans la région. Les ressources sont donc rares et constituent le vivier de toutes les tonnelleries.

Nos exigences ne sont autres que celles d’être diplômé ou d’avoir une expérience dans la filière bois. Le sens du détail et l’approche sur-mesure que nous exigeons de nos salariés, sont le résultat de plusieurs années de travail au sein de la tonnellerie.

Des jeunes diplômés aux candidatures spontanées, nous étudions tous les profils car la réussite du travail en atelier est aussi une affaire de complémentarité. Les conditions de travail sont assez éprouvantes et nous attachons une réelle importance aux valeurs humaines d’entraide, de polyvalence et de satisfaction du travail bien fait.

Comment se passe la formation des jeunes tonneliers qui rejoignent l’atelier ?

Les apprentis préparent un CAP en 2 ans. Ils alternent une semaine de cours et trois semaines en entreprise où on les familiarise avec les outils tels que les chasses et les marteaux. La toute première étape consiste au montage des coques : technique de la frappe du tonnelier. Il découvrira ensuite toutes les étapes de fabrication. Au sein de l’atelier de la Tonnellerie Baron, nous disposons d’un espace de formation, où chaque apprenti fabrique un fût de petite taille avant de rentrer dans l’univers grandeur nature de la barrique.

Quelles sont les perspectives d’évolution du métier de tonnelier ?

Les années d’expérience permettent au tonnelier d’évoluer au sein de l’entreprise où il peut devenir responsable d’un pôle de travail par exemple. Il peut également former à son tour de jeunes tonneliers en transmettant ses connaissances, son savoir-faire et ses techniques. Certains finissent même par créer leur propre tonnellerie (création et/ou réparation de barriques).

Définiriez-vous votre métier comme un métier technique ou artistique ?

Savoir fabriquer une barrique reste un art issu d’un patrimoine artisanal ancestral, mais sans technique, la barrique n’est rien. Il faut savoir façonner les douelles, chauffer à la juste mesure, monter ou rogner parfaitement. La dextérité, l’habileté dans l’art de manier l’outil pour respecter la qualité exigée font de la tonnellerie un métier techniquement artistique ou artistiquement technique !

Quelle est selon vous la définition d’une « bonne barrique » ?

La bonne barrique est celle qui est en tout point conforme aux exigences du client. Elle est celle qui aura scrupuleusement respecté le cahier des charges établi par nos soins : o La bonne sélection de l’origine du bois o Un cerclage et une finition irréprochable o Les proportions idéales, un joli bouge au premier aperçu o Une qualité de chauffe absolue o Une reproductibilité sans faille qui fait notre réputation et celle des vins de nos clients.
Christophe Cartier Tonnellerie Baron

Christophe Cartier Responsable Atelier à la Tonnellerie Baron